«La guerre qui hantait la chair des combattants habite aujourd’hui la mémoire des vivants. Elle perdure dans les papiers et les objets, les images, les paroles et les écrits qui en perpétuent l’histoire et la présence diffuse. Tel un trait d’union, Genevoix en restitue la violence et l’émotion, en dessine l’empreinte. Comme Ceux de 14, comme les commémorations, ses analyses, ses discours et ses évocations sont des gestes de remembrance et de piété qui défendent la paix, portent l’espoir et décantent un trouble qui ne pourra jamais « se clarifier jusqu’au tréfonds ».
Entre devoir de mémoire et chaos des reviviscences, l’écrivain obéit à un désir de se souvenir qui défie le temps. Dans le même mouvement, le lecteur qui écoute sa voix vive, et le pèlerin qui voit tourner les éoliennes sur le plateau dénudé de la Vaux-Marie, n’ont qu’à fermer les yeux pour se ressouvenir des clameurs, des fusillades, des « feux de l’orage » aux confins des ténèbres et sentir la présence des hommes à leurs côtés.» Laurence Campa.
Aux abords de Ceux de 14, témoignage de son séjour au front durant la Première Guerre mondiale, Maurice Genevoix n’a cessé d’entretenir le souvenir et d’exprimer sa fidélité à ses camarades dans des articles, préfaces, hommages et discours commémoratifs. Dans les textes réunis ici, l’écrivain évoque ses épreuves, la solidarité des combattants, et honore le rôle de la mémoire et de la transmission.
La ferveur du souvenir, Maurice Genevoix. Edition de Laurence Campa, collection Vermillon, La Table Ronde.Paru le 10/10/2013.