
Une scène à Viéville-sous-les-Côtes : l’acteur Théo Frilet, qui joue le personnage de Maurice Genevoix, mène la troupe, dans les bois. © Bruno Calvès
Maurice Genevoix a vécu la Première Guerre mondiale. Il a raconté cette expérience bouleversante dans Ceux de 14. Alors que cette année sera celle du centenaire de la guerre de 14-18, vous pourrez découvrir une réédition chez Flammarion ou une adaptation télévisée pour France 3. L’occasion, aussi, de participer aux commémorations prévues dans le Loiret.
L’association « Je me souviens de Ceux de 14 » vous propose un dossier paru dans le n°24 de janvier 2014 de Terres de Loire, magazine du Val de Loire et de l’Orléanais.
A l’occasion de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, France 3 proposera l’adaptation du livre de Maurice Genevoix, une minisérie de 6 x 52 minutes qui devrait être diffusée dans le dernier trimestre.
D’après France 3, le téléfilm Ceux de 14 serait une sorte de « band of brothers sympathique, braillarde, indisciplinée, parfois avinée et frondeuse, râleuse et drôle. » Le tournage autour de Thierville-sur-Meuse, six semaines passées aux Eparges dans les tranchées, la boue, sur un terrain en pente, froid, avec des chaussures à clous, sac sur le dos, a en effet soudé la troupe !
« Tous les acteurs, y compris les figurants locaux sont devenus des Poilus », assure Olivier Schatzky, le réalisateur. « Il fallait tirer à la mitrailleuse, ce n’était pas du flan. Il y a eu de la fraternité. Ça a été une expérience pour eux, de plonger, courir, protéger son partenaire… Dans un épisode, on a 25 minutes de combats. Ça prend aux tripes ! On progresse sur le coteau des Eparges dans une action dont les spectateurs ressentent vraiment l’aspect physique. Avec toute cette boue, dans laquelle on est toute la journée, plongés jusqu’aux genoux, c’est presque du Wagner, c’est très puissant. »
L’initiative du projet a été prise par la fille de Maurice Genevoix, Sylvie, qui souhaitait favoriser le transfert des cendres de son père au Panthéon et honorer la mémoire des Poilus. Le scénario a été écrit avec Didier Dolma, sous le regard de Bernard Maris et de Sylvie Genevoix, décédée en 2012.
Une dimension presque dantesque
« L’adaptation pose un problème quantitatif, explique Olivier Schatzky : il y a un nombre d’événements, d’explosions, d’animaux, de canons… Ce problème économique est le nœud, il faut le résoudre d’un point de vue artistique. C’est très compliqué. Il y a une dimension presque dantesque qu’on ne peut pas illustrer. Il faut faire des choix. La clé, c’est l’aspect humain, à travers la fresque, la passion des individus. On a souvent une vision généraliste de la guerre. Maurice Genevoix, lui, fait exister des personnes, que l’on voit vivre et mourir, les membres d’une famille… On s’attache à ce petit groupe. »
Le téléfilm est construit sur des flashbacks : il part de l’assaut du 106e sur les Eparges, remonte jusqu’à la rue d’Ulm, à Paris, à l’Ecole normale. « C’est une épopée humaine, affective, estime le réalisateur. Maurice Genevoix était un homme extrêmement sensible. On assiste à la naissance d’un grand écrivain, un homme détruit de l’intérieur qui a perdu ses compagnons. Il était préparé à la guerre, physiquement et mentalement, mais il reste humain. Il ne démontre pas, il montre ce qui était, laissant le lecteur se forger sa propre opinion. C’est aussi ce que l’on a tenté de faire : ce n’est pas de la pensée prémâchée. »